En écrivant L’Après-midi d’un faune en 1876, Stéphane Mallarmé réalise l’un de ses rêves: créer une pièce poétique pour le théâtre. La musicalité de l’œuvre inspire Claude Debussy qui, en 1894, compose Prélude à l’après-midi d’un faune. À partir du poème de Mallarmé, Vaslav Nijinski signe, à Paris en 1912, sa première chorégraphie dans laquelle il donne vie, de façon intense et sensuelle, à l’animal brut et érotique terré en lui, rompant brutalement avec la tradition classique.

Pour aborder ce Faune révolutionnaire, Marie Chouinard choisit de s’inspirer de l’esprit qui animait Nijinski à la création de son œuvre, préférant donc s’imprégner des photographies du Faune prises par Adolphe Meyer plutôt que des notations chorégraphiques de l’époque. Elle crée une danse de profil, à plat et horizontale qui, comme la chorégraphie originale, évoque les fresques égyptiennes et les bas-reliefs des vases helléniques de l’Antiquité. Les sept nymphes de l’œuvre de 1912 deviennent dans ce solo des présences de rêves, symbolisées par autant de faisceaux de lumière. Elle réalise également, en cours de travail, que la musique de Claude Debussy ne correspond pas à l’idée qu’elle se fait du Faune. Elle développe donc, avec Eddy Freedman, un accompagnement sonore unique en son genre puisque c’est elle qui active en direct, à l’aide de déclencheurs attachés à son corps, des sons enregistrés dans une banque de données.

Après Bronislava Nijinska (la sœur de Nijinski) et Madame Akarova, Marie Chouinard est la troisième femme soliste à aborder le rôle du Faune. Avec sa gestuelle syncopée, son tonus bestial et son environnement sonore, sa chorégraphie donne vie à un Faune farouchement ancré dans son époque.

Créé en 1987 et alors interprété par Marie Chouinard, L’Après-midi d’un faune fait aujourd’hui partie de la rétrospective de solos intitulée Les Solos 1978-1998.

Durée :  16 minutes 

- L’Après-midi d’un faune - Créé au Festival Danse Canada, Ottawa, Canada, 1987 - Interprète lors de la première mondiale : Marie Chouinard

Une production de la Compagnie Marie Chouinard en coproduction avec le Centre national des Arts (Canada) et la Fondation Laidlaw (Canada).