D’une création à l’autre, Marie Chouinard est à la recherche d’un « esprit », né de la pièce précédente. Après un Sacre du printemps (1993) modulé comme la seconde même de l’apparition de la Vie jaillissant entre le ciel et la terre, Marie Chouinard crée L’Amande et le diamant, une pièce charnelle construite comme une offrande à l’Autre, comme un hommage à la richesse d’une relation avec cet Autre qui émerge d’un horizon ouvert à tous les possibles. De l’unicité mise au monde se dégagent un désir du multiple et une soif de communiquer qui enluminent cette œuvre chorégraphique empreinte d’une sensualité et d’une intensité remarquables.
Pareille à une constellation tissée de duos incandescents, la chorégraphie sonde la rencontre de l’un et de l’autre, du feu et de la douceur, du chaud et de l’humide, du mâle et de la femelle. Les corps des interprètes deviennent les creusets fertiles d’une pensée ancrée en son centre vital, terreaux humides et lascifs d’une gestuelle vigoureuse qui fouette l’espace sensuel. Les gestes déployés ont pleine conscience de l’espace, de la trajectoire du mouvement et de ses retentissements dans l’espace. En orchestrant une série de duos incendiaires, Marie Chouinard transforme chacun.e des interprètes en une arborescence sonore et visuelle, inscrite dans le temps, ouverte à l’inconnu.
Pour cette œuvre touffue, Marie Chouinard a fait appel à l’univers musical de Luciano Berio qu’elle conjugue avec un traitement digital en temps réel construit et modulé par elle-même. Depuis L’Après-midi d’un faune, créé en 1987, Marie Chouinard poursuit une exploration d’une musique engendrée à l’aide de « déclencheurs ». Des tonalités précises ont été assignées à chaque interprète qui génère, au fur et à mesure de ses interventions par « déclencheurs », une partition musicale qui transmet simultanément l’émoi de l’interprète. Jouée « live » , orchestrée et associée sur-le-champ par le programmeur à des sonorités préenregistrées, la trame sonore de L’Amande et le diamant laisse place, à chaque représentation, à la magie de l’instant. Marie Chouinard propose avec L’Amande et le diamant, une œuvre qui franchit, encore une fois, le seuil du connu, à la rencontre de l'imprévisible. Comme une ode à l’Autre, un cadeau à l’Univers.
Ballet en un acte
Durée : 110 minutes sans entracte
Créée au Festival Danse Canada, Ottawa, Canada, le 8 juin 1996*
Une production de la COMPAGNIE MARIE CHOUINARD en coproduction avec le Centre national des Arts (Canada), le Banff Centre for the Arts (Canada) et le Festival Danse Canada, en collaboration avec le Théâtre des Eskers (Canada).
Conception, direction artistique et chorégraphie | Marie Chouinard
Musique | Luciano Berio et Marie Chouinard
Costumes | Marie Chouinard assistée de Sylvain Labelle
*Interprètes lors de la première mondiale | Daniel Éthier, Andrew Harwood, Benoît Lachambre, Heather Mah, Marie-Josée Paradis, Dominique Porte, Irène Stamou
« The dancers are strong, flexible and physically creative. (...) Chouinard produces explosive, unexpected and sensual choreography to music by Luciano Berio. » - The Sydney Morning Herald, Brisbane, 1998
« Her movement vocabulary takes basic impulses and urges and abstracts and magnifies them. Thus, her dancers possess extraordinary isolatory control of their bodies, being both sikily sinous and frenetically percussive (...) This is a wonderfully imaginative and realised work. » - The Courier-Mail, Brisbane, 1998
« D’une très grande beauté charnelle et esthétique, L’Amande et le Diamant a de quoi ravir et faire rêver le spectateur le plus rébarbatif à la danse (...) l’univers de poésie sonore et visuelle dépasse presque l’imagination ... La fascination créée par cette oeuvre monumentale et extrêmement touffue demeure quasi sans limite. » - Andrée Martin, Le Devoir, Montréal, 1996
« Une œuvre puissante, tant par sa forme que par son contenu. » - Linda Boutin, Voir, Le « Top ten 1996 » de la danse, Montréal, 1996
« This Montreal-based choreographer has created something here that stretches the boundaries of contemporary dance. Chouinard deserves a medal.»Michael Scott, The Vancouver Sun, 1996«By turns naughty, childish, sophisticated and brazen, L’Amande et le Diamant succeeds as a brilliantly self-contained work of unparalleled imagination. » - Deirdre Kelly, The Globe and Mail, Toronto, 1996